L'histoire du territoire qui deviendra la paroisse de Saint-Pierre-Jolys commence bien avant sa fondation en 1877. La région, alors connue sous les noms de « La Fourche » ou de la « Rivière-aux-rats », est régulièrement fréquentée par les voyageurs et les chasseurs Métis. C'est un lieu de camp idéal pour les voyageurs et une place d'hivernement pour les familles de Saint-Norbert et de Saint-Vital qui s'y installent avec leurs troupeaux. Effectivement, il y a dans la région de la Rivière-aux-rats, une grande quantité d'arbres qui servent de bois de chauffage en hiver. C'est aussi un lieu très riche en gibier. En 1870, après avoir négocié l'entrée du Manitoba dans la Confédération canadienne, l'abbé Joseph-Noël Ritchot décide qu'il est important que la population métisse prenne possession des terres dans la région de la Rivière-aux-rats. Il veille donc à l'arpentage des terres et encourage quelques familles à venir s'installer à l'endroit qui sera désormais connu sous le nom de Saint-Pierre. Ainsi, dès 1872, huit familles métisses arrivent dans la région. Mgr Taché décide d'ériger canoniquement la paroisse de Saint-Pierre le 4 janvier 1877. Il y a alors une vingtaine de familles qui habitent dans la région. La paroisse a, à cette époque, des frontières beaucoup plus grande qu'aujourd'hui et comprend les deux futurs villages de Saint-Malo et d'Otterburne qui s'en sépareront éventuellement. Saint-Pierre se développe rapidement, puisqu'en 1877 un contingent de treize familles canadiennes-françaises, rapatriées de la Nouvelle-Angleterre, viennent s'y installer avec l'encouragement de prêtres-colonisateurs. Métis et Canadiens français doivent donc apprendre à cohabiter en un même endroit, ce qui n'est pas toujours facile. En 1879 on ouvre, non pas une, mais trois écoles qui sont sous la direction d'enseignants laïcs. C'est en 1880, que Saint-Pierre accueille son premier curé, l'abbé Jean-Marie-Arthur Jolys, et bâtit sa première église. Saint-Pierre se transforme rapidement sous la direction de l'abbé Jolys, tellement qu'on décidera plus tard d'ajouter son nom à celui de la paroisse qui deviendra Saint-Pierre-Jolys. En 1885, on construit un couvent pour mieux accueillir cinq Surs des Saints Noms de Jésus et de Marie qui arrivent le 9 avril 1886 pour prendre la direction de l'école du centre. Elles veilleront à l'éducation des enfants de la paroisse jusqu'à la fin du 20e siècle. La charge de l'éducation des enfants est partagée en 1904 lorsque les Frères de la Croix de Jésus ouvrent le Collège de Saint-Pierre. Ils prennent ainsi en main l'éducation des garçons du village alors que les religieuses concentrent leurs efforts auprès des filles. Les Frères doivent cependant retourner en France en 1912. En 1913, trois frères Maristes des écoles viennent les remplacer mais ils sont rappelés dans l'Est en 1921. Les religieuses et des laïcs doivent alors voir à l'éducation des garçons jusqu'à ce que les Clercs de Saint-Viateur d'Otterburne acceptent la direction du Collège de Saint-Pierre en 1942. En 1955, une nouvelle école reçoit tous les élèves ainsi que leurs enseignants religieux et laïcs. Une des industries importantes de la région est évidemment l'agriculture et l'élevage, mais on dépend aussi de la vente du bois de construction. L'abbé Jolys est remplacé en 1926 par l'abbé Joseph-Adonias Sabourin qui, lui aussi, y restera jusqu'à son décès en 1956. En 1931, l'arrivée de Joseph-E. Lafranc, agronome, encourage l'accroissement des industries secondaires de la ferme. On voit ainsi naître des industries d'élevages d'abeilles, de renards argentés et de visons, des coopératives avicoles, un moulin à vapeur et des cultures de betteraves à sucres et de pois. En 1953, on fonde aussi la Société d'Horticulture qui travaille de concert avec la Société d'agriculture du comté de Carillon, fondée en 1896. Le village de Saint-Pierre-Jolys est constitué en société en 1947 et son premier maire, notaire et maître des postes, est Ambroise Joubert. Saint-Pierre est connu pour ses artistes et sa vie culturelle. Le comité culturel de Saint-Pierre organise depuis quelques années le Festival Chantecler qui fait la promotion de la chanson francophone.